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« Ils diront qu’on a fait l’ketru »
Les échoppes de barbiers reviennent à la monde.
Les barbershops poussent à tous les coins de rue dans les grandes villes. Plongée dans l’univers de ces salons d’un nouveau genre.
Par Alix Ponsar dans Le Parisien le 24 Août 2018 à 07h21
Hip-hop à plein tube et design urbain léché… bienvenue chez Groomers. Depuis son ouverture dans un centre commercial de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), en décembre 2016, ce « barbershop » ne désemplit pas. Assis sur un siège vintage en cuir bordeaux, Stan se fait tailler la barbe. « J’avais honte de sortir de chez moi avec une barbe aussi mal entretenue », confie le jeune homme de 24 ans qui arbore un « taper », une coupe de cheveux rendue tendance par le rappeur américain Drake.
Ici, on ne dit pas coiffeur ni barbier. « Ce n’est pas le même métier, nos coupes sont tout sauf classiques. On fait des colorations, des dégradés, des motifs. Rien à voir avec Franck Provost », plaisante John, l’un des cofondateurs du salon.
« Il y a eu les métrosexuels, maintenant il y a les hipsters, analyse Boniface, l’autre cofondateur. Aujourd’hui, les hommes aiment prendre soin d’eux et on a décidé de répondre à leurs attentes en ouvrant un salon qui leur ressemble. »
Les banquiers sceptiques
Les deux trentenaires ont eu du flair. « Nos huit barbers coiffent entre 60 et 80 clients par jour, jusqu’à 90 le week-end, se targue Boniface. On refuse tellement de monde qu’on encourage nos barbers à travailler à domicile. » Au bout d’un an, le salon enregistrait déjà 450 000 € de chiffres d’affaires. Galvanisés, les deux « entrepreneurs autodidactes » ont ouvert un salon à Arcueil. Un troisième sera inauguré le 1er septembre à Paris.
Les deux associés ne comptent pas s’arrêter là. « On prépare une levée de plusieurs millions d’euros. On veut ouvrir une vingtaine de salons en Île-de-France dans les prochaines années. » Rien n’était pourtant gagné. Les banquiers, ne croyant pas en cette nouvelle tendance, ont refusé leurs trois premières demandes de financement.
Vitrine sur Instagram
Leur réussite, John et Boniface tiennent à en faire un exemple. « On embauche des jeunes éloignés de l’emploi. On veut leur montrer que tout est possible », explique John. Résultat, pas besoin de diplôme pour rejoindre l’équipe Groomers. Tous sont formés sur place.
Smartphone au poing, un barber prend en photo, sous tous les angles, la barbe colorée de son client. S’il alimente quotidiennement son compte Instagram, il touchera à la fin du mois une prime de 100 €. « Pas besoin de flyers, explique John, nos barbers sont nos meilleurs communicants. »
Stan, le jeune barbu à la coupe de rappeur, passe à la caisse. Comptez entre 13 et 35 euros pour la barbe, et de 17 à 100 euros pour les cheveux. Pas de quoi faire fuir le jeune homme, qui reviendra dans trois semaines demander la coiffure d’un de ses chanteurs préférés.
MÊME LES GRANDES ENSEIGNES S’Y METTENT
Depuis quelques années, les coiffeurs-barbiers se multiplient dans toutes les grandes villes. A Paris, on en compte déjà une cinquantaine. La Clé du Barbier, Les Mauvais Garçons, 235th Barber Street, des salons ont ouvert tour à tour, bien décidés à surfer sur le grand retour de la barbe et sur le développement de la coiffure masculine.
« Les hommes font beaucoup plus attention à eux qu’avant, analyse Bertrand Stalter, président de l’UNEC, la fédération des professionnels de la coiffure. Conséquence : la fréquentation des hommes dans les salons de coiffure a augmenté de 26 % ces cinq dernières années. »
Corners dédiés, formations au métier de barbier (depuis 2012, l’option « barbier » est réapparue au brevet professionnel de coiffure), gammes de produits spécialisés, les salons de coiffure traditionnels font tout pour attirer les hommes. Même les grandes enseignes s’y mettent. Franck Provost vient de créer sa propre marque de barbier, The Barber Company.